Correspondance entre Henri Guillemin et Paul Claudel
S’engagea dès lors une correspondance fournie et dont nous présentons ici l’intégralité des réponses de Claudel, pour la période 1942-1953.
On a pu reprocher, à juste titre (et les lignes de Maurice Maringue dans son Guillemin le passionné , pourraient être cosignées par nombre d’admirateurs de l’historien), à Henri Guillemin une certaine complaisance à l’égard d’un auteur, certes monument national (auquel Henri Guillemin rendit hommage dans Claudel et son art d’écrire), mais qui se révéla en tant qu’être humain «abominable» à bien des égards à commencer par son attitude envers sa sœur Camille.
Remarquons cependant que dans livre Le converti Paul Claudel , Guillemin souligne déjà l’opportunisme de l’auteur, les libertés qu’il prend pour mettre en scène sa conversion.
Mais c’est dans Une Certaine espérance (entretiens avec Jean Lacouture) qu’il affirme plus radicalement « qu’il n’a pas la moindre estime pour Claudel », qu’il juge là « abominable » , ce qui lui vaudra en 1992 une lettre véhémente (à lire ici : 17 Février 1992) du fils de Paul Claudel, Henri : « J’estime, écrit ce dernier, que c’est votre attitude à l’égard de mon père qui est abominable. Vous n’avez cessé, en effet, dès sa mort, de le salir et de trahir la confiance et l’amitié qu’il vous a témoignées lorsqu’il vous a accueilli les bras ouverts à Brangue ».
Tels quels, ces documents mis à votre disposition, constituent un double témoignage sur et de Claudel.
Jean-Marc Carité
Henri Guillemin et Paul Claudel
Correspondance entre Henri Guillemin et Paul Claudel
C’est en 1942, alors qu’il avait dû quitter son poste d’enseignant à Bordeaux, ayant été dénoncé comme «gaulliste», qu’Henri Guillemin s’installe en Suisse à Neuchâtel, et occupe le poste de conseiller culturel à l’Ambassade de Berne.
Son rôle consistait, entre autres responsabilités, à accueillir les écrivains conférenciers de renom. C’est dans ce contexte qu’il rencontra Paul Claudel.
Pour avoir connu Henri Guillemin de son vivant, comme membres de sa famille ou comme amis, et pour avoir découvert son oeuvre et admiré sa démarche et ses engagements, Patrick Berthier, Jean-Marc Carité, Philippe Guillemin, Edouard Mangin et Patrick Rödel notamment se sont réunis pour contribuer, à leur façon, à faire connaître au plus grand nombre l'oeuvre de cet admirable éveilleur de consciences.
Retrouvez les conférences, les colloques, les oeuvres et de nombreuses ressources sur Henri Guillemin.
Samedi 19 novembre 2016 de 9h00 à 18h00
Université Paris 3 Sorbonne nouvelle – Censier – 13 rue Santeuil 75005 Paris
Article de François Ruffin sur Henri Guillemin et
les éditions Utovie.
Refusant, tout comme Victor Hugo, de « vieillir toutou », assagi et inoffensif, tout au contraire, jusqu’au bout il nous transmit le message d’une histoire sans complaisance, sans trucage : pour « ne pas se laisser monter sur la tête ». Et son ami François Mitterrand, qui vint souvent, à côté de Mâcon, s’entretenir avec l’iconoclaste, en convenait chaque fois « même s’il agace les dents », cet historien qui avait choisi dès sa jeunesse le camp des humbles et de la Justice, était «un homme, pour de bon ».
On a surtout mis en avant son œœuvre de démolisseur (Vigny, Voltaire, Napoléon, Pétain, Thiers, Napoléon III, George Sand) sans voir assez son patient travail de réhabilitation des Rousseau, Lamartine, Victor Hugo, Zola, Vallès, Jeanne d’Arc, Jaurès, même Péguy et Bernanos qu’on lui reprocha d’égratigner.
Devenus, depuis sa disparition, l’éditeur d’œuvres complètes, nous avons à cœur de réhabiliter cet historien de passions.
Son talent de conférencier est également très bien restitué dans la série « Henri Guillemin raconte » des livres accompagnés du CD de la conférence originale. Bonnes découvertes !
Henri Guillemin
Né à Mâcon en 1903, décédé à Neuchâtel en Suisse, en 1992, Henri Guillemin aura tout au long de sa vie défendu ses idées de chrétien de gauche (engagé dans le Front Populaire de 1936, aux côtés de Marc Sangnier et de mon père, Maurice Carité). Il aurait sans doute pu faire une brillante carrière d’’universitaire séducteur et finissant à l’Académie française s’il n’avait eu, ancrée profond en lui, la conviction, que l’histoire officielle ment, que les gens de bien transforment la vérité à leur avantage.
Ainsi toute sa vie, au fil des quelques 80 ouvrages qu’il a publiés, fut-il marqué par ses héros à lui qui l’éclairèrent, « c’est la vérité qui est coupable » (Robespierre), « il faut que l’histoire entre dans la période des aveux » (Victor Hugo), « ne faisons pas de l’’histoire polie : faisons de l’histoire historique »(Péguy).